Comment dire... On prétend souvent que la science, c'est quelque chose d'exact, genre les lois mathématiques, physiques régissent tel ou tel mouvement particulièrement incroyable (la chute d'une pomme, par exemple). Pourtant, en s'y penchant de plus près (de plus loin, ça aurait été difficile), les seules vérités mathématiques que l'on nous enseigne sont des équations types cartésiennes, ax²+by+c = d, x et y étant les facteurs variables, non stables à contrario de a, b, c et d.
En somme (restons dans le lexique mathématique), rien n'a de valeur assurée, un peu comme "les tiques" ? "D" reste la solution finale, celle à obtenir. Les systèmes d'équation présentent plusieurs ensemble de solution de temps à autre. Du coup, même une science dite exacte n'a pas de réponse unique et stable ? Du coup, certes on met en place des réflexions éthiques, mais pour choisir la solution moins pire pour la solution finale ?
Bref, je voulais juste toucher deux mots sur le dernier stage que j'ai eu, et duquel je n'ai pas du tout parler encore. Je trouve ça assez surprenant d'ailleurs.
Un stage au domicile des patients. Le genre de truc, je pense, dont on se souvient toute sa vie tellement c'est différent d'un contexte hospitalier. Oui, certes il y a comme synonyme, "l'hôpital à domicile", "l'hôpital vient à vous", mais entre un lit dans une grande pièce blanche et votre lit dans votre chambre, il y a un monde, une vie, un passé.
Grosso modo, pas de blouse, juste un "protège vêtement" bleu, et un patient avec son pyjama. Pas de chariot de soin, un carton dans le lieu de vie d'un patient... Tout à une autre dimension...
Je parle en particulier des soins palliatifs et des fin de vie donc. Il y a quelque temps, je tapais un article sur les premiers morts (oui, morts) que je voyais et ce que j'avais ressenti. Entre nous, j'avais pris garde à voir des patients d'autres services, dont je ne m'étais pas personnellement occupée (ou du moins indirectement). J'appréhendais que cela me touche trop, m'étant déjà fait avoir durant mon premier stage, la barrière était de rigueur cette fois-ci. (faut pas non plus pousser mémé dans les orties, non mais !)
Certes, mes sentiments n'étaient pas clairement définis, juste des sensations, un malaise général... Mais, ça ne laisse pas indifférent...
Maintenant, du moins actuellement, un mort me semble moins touchant que la façon dont il est décédé.
Aller chez une personne, effectuer les soins prescrits, rappeler que la maladie est là, est-ce plus important pour le patient ou pour l'entourage qui voit ce qui se passe ?
L'hôpital est un lieu, je pense où les soins restent dans un cadre de santé, de soins. L'appart, le studio, la maison, les soins deviennent pénétrant dans la vie quotidienne.
C'est un peu paradoxal, mais il m'a semblé moins difficile d'accompagner une personne dans un lit d'hôpital que chez lui. Là où n'est pas, de base, ma place. Que dois-je faire ? Suivre mes principes, mes valeurs professionnelles et celles que l'on partage avec ses collègues ou suivre ce que la personne veut puisque l'on n'est pas dans notre terrain de prédilection ? (et qu'il est de notre devoir de s'adapter)
Vraiment, j'ai sentie qu'un tournant s'effectuait pendant ce stage. Les soins, une fois qu'on les maîtrise, c'est cool "Bonjour, je sais piquer dans une veine", mais le reste, ce qui entoure... C'est différent (alors oui, c'est un discours bateau mais bon, c'est vrai, alors fuck :)).
J'ai ressenti ce que c'est que de laisser partir des patients dont on s'occupe... Stupéfaction et sidération... Là, maintenant, elle/il n'est plus là ?? Sérieusement, nous l'avons accompagné jusqu'au jour où ? Et l'entourage comment va-t-il ? (ça peut paraître débile, mais je trouve que cette question à une valeur différente entre hôpital et domicile). Son lit était là dans cette pièce et puis il y a ses photos, et tout son passé et sa vie, juste ici. Le lit ne se refera pas en une journée pour faire place à quelqu'un d'autre.__